Quel pays le nôtre ! Des autorités capables seulement de différer chaque décision, et ensuite de toujours prendre les plus abstruses, peu concluantes quand elles ne sont pas inutiles... mais qui sont bien fumeuses pour l'opinion publique ! L'histoire de l'Ours Marsicain devient de plus en plus emblématique de cette italianité dénuée de logique et de sens pratique qui nous a rendus célèbres dans le monde. Si demain un satellite devait tomber, et si le satellite devait heurter un ours marsicain, toute l'attention serait portée à ce problème : projets de loi pour empêcher le survol des zones PATOM, surveillance de tous les satellites risquant de tomber, peut-être avec l'installation de "patriotes" qui interceptent des satellites qui tombent ou des parties de ceux-ci ! Ici, c'est pour le ridiculiser, mais aussi pour souligner la méthode par laquelle les problèmes sont généralement traités en Italie (le dernier exemple en date étant la proposition de barrières anti-ours le long des autoroutes et la diffusion de panneaux pour éviter les collisions dans les rues, plutôt que de se demander pourquoi l'ours traverse les rues plus qu'avant).
Un ours est mort d'une supposée tuberculose bovine (même si la science nous dit que la tuberculose est souvent le résultat d'autres maux, comme la malnutrition), et la tuberculose devient immédiatement un problème primaire ou le seul, bien qu'aucune trace récente ne soit identifiée parmi les animaux de compagnie supposés "porteurs" de la maladie. La nouvelle est cependant trop savoureuse pour la mettre de côté, étant donné qu'elle se prête à pousser les autorités à interdire le pâturage aux agriculteurs détestés, désormais aux yeux du public qui se rend coupable de toutes les méchancetés, plutôt que d'y voir le côté positif pour le le maintien de la biodiversité, les pâturages et la contribution indirecte aux besoins alimentaires des ours, des loups et des renards et des vautours et des aigles royaux.
Il y a quelque temps une autre maladie à risque pour l'ours marsicain est apparue, le pseudorabbia, mais celle-ci s'est tout de suite fait oublier, mise dans l'actualité pour ne pas être donnée et encore moins pour être divulguée (autre que des entretiens spécifiques avec des experts et des autorités !). Pouquoi? Simple, cette maladie ne peut être combattue qu'avec des vaccinations et l'aide d'autant de chasseurs détestés (ennemis de l'ours malgré tout !) pour réduire la présence de sangliers, porteurs sains. Alors, mieux vaut ne pas en parler et se jeter sur le dernier cas de décès par supposée tuberculose bovine, qui permet de s'en prendre aux éleveurs. Et de mettre sur le terrain d'autres appareils de recherche et d'étude, ce cirque qui a déjà brûlé 15 millions d'euros sans aucune construction (au moins pour l'ours), car cela semble vouloir démarrer le ministère de l'Environnement, qui selon les dernières nouvelles parle déjà de "groupes de travail", de "stratégies" et ... seulement les inévitables "plans".
Mais le problème de l'ours marsicain a plus d'un demi-siècle, et c'est à ces racines que doivent remonter les problèmes actuels (jamais résolus et toujours reportés !). Ces problèmes, toujours les mêmes, qui se posent encore aujourd'hui, mais avec des facettes différentes. Pour remonter à aujourd'hui, mai-juin 2014 : le problème ce ne sont pas les carottiers des éleveurs, mais pourquoi l'ours va chercher ces carottiers, traversant constamment les routes "dangereuses", ridiculement signalées aux touristes, qu'ils fréquentent de plus en plus précisément parce que ils sont attirés par la possibilité de faire des observations faciles d'ours, désormais de plus en plus domestiques et donc "problématiques" (encore un joli problème qui a tout de suite créé des emplois pour les "solveurs" !). Évidemment il n'y a (il y aurait !) pas besoin de recherches supplémentaires pour en comprendre les raisons ; sauf qu'il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Trop simple, banal et peu rentable pour les chercheurs et universitaires d'ensemencer des champs de maïs, de faire paître des troupeaux de moutons, de réserver des havres de paix à l'ours, de réduire la présence compétitive des sangliers et des cerfs. En Amérique, c'est ce qu'ils feraient. En Italie, ces propositions sont considérées comme non scientifiques ! Et malheur à les mettre en pratique, si jamais elles s'avèrent vraiment décisives, au risque d'arrêter ce manège qui a déjà englouti 15 millions d'euros en études et recherches !
Franck Zunino
Secrétaire général de l'Association italienne de la nature
(3 juin 2014)