Un bruit assourdissant de cigales nous accueille lorsque nous arrivons au poste. Il est 18.00h mais la chaleur et le soleil sont encore presque au zénith. Trop tôt pour trouver les jeunes œufs que je dois ramasser. En été, les journées sont très longues, le temps semble s'allonger et plutôt que de se prélasser dans la piscine nous décidons avec Pina de prolonger la durée de notre soirée piquetage. Alors que nous traversons les blés encore hauts, les tourterelles s'envolent puis se reposent sur les champs ensoleillés plus bas. Un renard nous coupe de loin, avançant d'un pas doux et tirant la langue : la chaleur l'a épuisée aussi. Mais à partir de maintenant, il ne fera que rafraîchir. Nous arrivons à l'endroit choisi et avec joie nous constatons que les champs devant nous ont déjà été fauchés : on pourrait facilement tirer depuis le sac à dos posé au sol mais... une botte de foin, à quelques mètres de nous, m'invite essayer un support qui me convainc tout de suite. Le fusil posé dessus, le corps "enduit" sur la botte de foin, le coude bien en place : le poste est passé haut la main ! Je charge le fusil avec les balles chargées par mon ami Léo et m'assieds par terre à côté de Pina pour grignoter. Avec le soleil si haut dans le ciel, les chances de repérer des animaux sont minces. Après presque une heure, une femelle apparaît au loin. Dès que nous l'interceptons, nous restons immobiles avec les oculaires des jumelles clouées à nos yeux. Elle semble ne pas nous avoir remarqués et s'avance tranquillement d'un pas cadencé dans notre direction. C'est une femme subtile : en plus de son apparence, elle est trahie par l'attitude naïve et curieuse avec laquelle elle s'approche. Lorsqu'il n'est qu'à 37 mètres je peux sortir furtivement mon smartphone et le filmer. Quelque chose ne la convainc pas : elle se fige et reste un moment immobile, indécise entre fuir ou mieux enquêter sur l'objet de sa curiosité adolescente. La graine de sagesse la fait reculer de quelques mètres. Puis quelques pas de plus la poussent à nous regarder. La prudence l'emporte et en quelques bonds il disparaît dans le bois d'où il est issu.
A l'œil nu, mon attention est captée par les silhouettes noires de deux sangliers sortant du bois de la colline au-dessus. Immédiatement au-dessus, à quelques mètres d'eux, j'aperçois un chevreuil, qui à première vue semblait être un mâle, mais cela ne me laisse pas le temps d'approfondir mes connaissances. Un troisième s'ajoute aux deux sangliers, suivi de plusieurs jeunes. Je serais tenté d'essayer d'approcher les chevreuils là-haut mais la présence de sangliers à proximité et le vent imperceptible mais défavorable me font renoncer. J'attendrai, en espérant que le chevreuil se rapproche. Je continue à pleurnicher à 360 degrés mais mon regard est toujours attiré par le point où j'ai vu le chevreuil. La lumière commence à faiblir, il est 21.10hXNUMX. "Il est!« Pina a vu le jeune homme, qui entre-temps a gagné le terrain que je préside. Je le vérifie bien du point de vue : c'est le vêtement que je cherchais !
Allongé sur la botte de foin j'ai mis la croix sur le chevreuil : c'est incroyable comme il m'a semblé s'arrêter juste avant quand j'essayais de viser les sangliers à 470 mètres et comme c'est instable maintenant que j'ai le chevreuil à portée . Inconscient de mon émotion, le jeune mâle se met à brouter. Un pas après l'autre se rapproche de plus en plus. 130 mètres. Je grée le Blaser. 120 mètres. Mes jambes tremblent et ... le treillis. J'essaie de réguler ma respiration et prends quelques expirations profondes. C'est déjà mieux. Le support est pourtant parfait, je n'ai pas honte d'avouer que la croix du treillis continue de trembler. Les mots de mon ami Franco me viennent à l'esprit"Si ce n'était pas le cas, j'arrêterais de chasser !"Il me dit, quand il me dit comment le réticule tremble quand sa tête est à portée. Il y a des gens qui sont fiers de leur sang-froid et de leur capacité à contrôler la tension lorsqu'ils sont sur le point de tirer sur un animal. Bon, j'aimerais leur dire : mais alors qui vous fait partir à la chasse, si vous dominez les émotions, et pas l'inverse ?!
L'objet de ma trépidation est toujours là, mais il est maintenant à son apogée. Apparence. Je crains que le vent contraire ne l'avertit de notre présence et je sens en moi l'urgence de conclure l'action de chasse. L'attente fait cependant son effet : dans les quelques secondes qui passent et qui me paraissent des heures, je sens le support se stabiliser de plus en plus. Maintenant le chevreuil s'est retourné et m'offre son épaule, mais j'attends toujours : je le veux comme une carte postale. Les rafales de vent qui soufflent derrière moi m'alarment, mais ma rationalité l'emporte sur l'instinct et est récompensée : désormais le chevreuil ressemble parfaitement à une carte postale. L'index s'approche de la gâchette sensible et décide pour moi de lancer la boule 7×64. Un rugissement me tire de mes pensées. La rogue s'effondre sur ses pattes et l'adrénaline entame son lent déclin. On attend un peu avant de l'atteindre. Toujours dans les oreilles le chant des cigales de l'après-midi, me voilà en train de caresser le jeune lutin, remerciant la Nature pour ce énième cadeau.